Notre Lignée
La lignée à laquelle nous appartenons est parfaitement connue et identifiée. Gérard Blitz, Sri Krishnamacharya et son propre Maître sont encore proches de notre époque. Puis de Maître à disciple, cette lignée remonte dans le temps jusqu’à Sri Nathamuni, un sage du Xème siècle, qui est reconnu comme le fondateur de cette lignée d’enseignement et de transmission du Yoga.
Sri Nathamuni
Sri Krishnamacharya, le Maître Indien de Gérard Blitz, se réfère à Sri Nathamuni comme étant la source de son enseignement. C’est un sage Vishnouite, qui a vécu au sud de l’Inde au Xème siècle, est considéré comme le précurseur et le premier des Acarya (Maître spirituel), dans la lignée du Guru Srivaisnava, dont l’école se fonde sur les Vedas, les Sastras (traités anciens) et les Upanishads.
Sri Nathamuni indique que son enseignement vient des Yoga Sutras de Patanjali et il charge son petit-fils, Yamucharya de le transcrire dans un traité, le Yogarahasya (le secret du Yoga). Il appartient également à la tradition Vishnouite de l’Advaïta Vedanta, plus particulièrement le « Vishistadvaîta Vedanta », qui a la particularité de reconnaître la non-dualité des choses. Le Yogarahasya s’inscrit dans la réalité du monde et propose déjà des moyens concrets pour aller vers l’expérience du Yoga. Sri Nathamuni est un sage universel et son enseignement, pourtant vieux de plus de mille ans, reste d’une étonnante modernité.
Sri Krishnamacharya
Dans le Yogarahasya, publié aux Editions Textes Agamat, figure une ébauche de filiation généalogique qui va de Sri Nathamuni à Sri Krishnamacharya. Ce dernier, né en 1888, se présente comme un descendant direct de Sri Nathamuni, dont il a reçu en ligne directe le Yogarahasya, à l’âge de seize ans, lors d’un pèlerinage dans le sud de l’Inde. Il est devenu ensuite un des maîtres reconnus du vingtième siècle.
Jeune, il suit les études théoriques, ayurvédiques et religieuses les plus poussées, puis il devient lui-même Maître dans ces disciplines et reçoit d’importantes distinctions académiques. Avant trente ans, il va jusqu’en Himalaya chercher son guru en Yoga et suit l’enseignement de Sri Rama Mohana Brahmacari pendant plus de sept années.
Renonçant alors à d’importants postes dans de prestigieuses institutions d’enseignement, de médecine ou à la cour de certains rois, il choisit simplement d’être professeur de Yoga. Il préfère transmettre un enseignement et vivre en famille simplement, dans la société, comme tout le monde. Partisan inlassable d’une ouverture de l’expérience du Yoga au plus grand nombre, il s’éteint en 1989, à plus de cent ans en ayant apporté une nouvelle dimension à la pratique : « ce ne sont pas les gens qui doivent s’adapter au Yoga, mais plutôt le Yoga qui doit pouvoir s’adapter à chaque individu ». Cette maxime résume la générosité de Sri Krishnamacharya qui a accepté de transmettre un enseignement traditionnel sacré à un étranger, Gérard Blitz et qui a travaillé avec lui pour que cette lignée et sa pratique ancestrale se diffuse aussi en Europe
Gérard Blitz
Pour parler de Gérard Blitz, laissons la plume à Colette Flogny, qui fut sa compagne et qui a dédié un livre à son histoire avec lui et avec le Yoga : « Gérard Blitz a marqué son époque par son envergure, sa créativité jaillissante et sa capacité à créer les conditions d’un véritable bonheur pour ceux qui l’approchaient. Né à Anvers (Belgique) en 1912, il se distingue à la fin de la guerre de 1940 en ouvrant des camps destinés à accueillir les prisonniers libérés et à les préparer à un retour à la vie normale.
Dans les années 1950, ce sera l’invention géniale du « Club Méditerranée » qui révolutionnera le monde des vacances. Mais Gérard Blitz disait souvent : « ce ne sont pas les vacances qui comptent, c’est la vacance de l’esprit, l’état de liberté intérieure » . Cet état le caractérisait et il en trouva l’écho parfait dans la découverte du Bouddhisme Zen, qui devint peu à peu son chemin intérieur. Au début des années 1970, après avoir quitté le Club Méditerranée, comme un père laisse aller son enfant vers son destin, il retourne en Inde rencontrer son vieux professeur de Yoga, qui l’avait accepté comme élève vingt ans auparavant, le grand maître Sri Krishnamacharya héritier d’une prestigieuse lignée remontant au 10ème siècle.
Avec son fils, Sri Désikachar, Gérard reprend un à un tous les principes de base de la pratique du Yoga et il réinterprète magistralement les Yoga Sûtras de Pantanjali (Aphorismes anciens datant du début de l’ère chrétienne). En 1976, il participe à la création du programme minimum de base européenne qui sert de référence aujourd’hui aux principales écoles de formation européennes de Yoga. Sa capacité à s’exprimer à partir d’un état non-mental, d’une grande clarté, sa liberté de conscience, son exceptionnelle expérience du corps et de l’esprit humain lui permettent alors de proposer un enseignement authentique de Yoga parfaitement adapté aux occidentaux… ».
Toute sa vie, Gérard Blitz a été sensible à la spiritualité et il a consacré toute la dernière partie de sa vie à contribuer, de manière variée et ouverte, au développement de toute forme de recherche personnelle en Europe. Durant des années, il assiste Krishnamurti dans l’organisation de ses conférences à travers le monde. Il aide Taisen Deshimaru lors de son installation à Paris. Celui-ci l’ordonne moine Zen en février 1974 et Gérard restera toujours bouddhiste dans l’âme.
C’est pourtant le Yoga qu’il enseigne, pendant plus de quinze ans, avec des groupes d’élèves en France, en Italie et en Finlande. Promoteur inlassable et toujours discret du développement du Yoga en Europe, il est vice-président de l’Union Européenne des Fédérations Nationales de Yoga. Il crée et organise les rencontres internationales de Yoga à Zinal en Suisse pendant une dizaine d’années où se retrouvent à l’époque plus de 600 yogis venus du monde entier. En 1974, Il est élu Président de l’Union Européenne de Yoga et le restera jusqu’à sa mort en 1990.
Zinal 1977, avec Nil Haoutof et Swami Satchitananda
Zinal 1980 avec Swami Satchidananda
Années 1980 Gérard Blitz
avec ses élèves du Groupe de Midi
Françoise Mazet
Élève directe de Gérard Blitz pendant de nombreuses années, a créé cette école de formation à Toulouse pour transmettre le Yoga de cette lignée. A l’ouverture de l’école, elle exprimait ainsi sa conception de la transmission:
“Vous pratiquez le Yoga et certains d’entre vous depuis longtemps. Vous avez travaillé avec différents maîtres, vous avez lu de nombreux ouvrages et découvert la richesse du Yoga. Vous le savez bien, on pratique un certain nombre d’années pour soi, pour son confort personnel, et puis, un jour, on ressent le besoin de transmettre cette pratique qui transforme notre vie. On ne peut plus garder pour soi cette expérience de l’être. Alors on est confronté à la question de la transmission.
Transmettre, oui, mais comment ? Après un long parcours, j’ai rencontré Gérard Blitz et j’ai compris que cet homme exceptionnel avait mis au point une pédagogie du Yoga quasiment géniale. Après avoir longtemps travaillé en Inde, auprès de Sri Krishnamacharya, ce grand yogi, également médecin ayurvédique, a choisit de transmettre un Yoga accessible à tous sans pour autant s’écarter des principes universels et clairs que Patanjali nous indique dans les Yoga Sutras. Sa connaissance des Yoga Sutras de Patanjali imprégnait totalement son enseignement. Il fut l’un des premiers européens à en parler, avec respect, humilité, clarté et nous avions alors accès à ce texte fabuleux qui nous renvoie à nous-mêmes comme un miroir.
Comme beaucoup d’autres, je pense, je lui dois la révélation du Yoga de Patanjali. « Les textes orientent la pratique, et la pratique éclaire les textes », nous disait-il souvent. A partir de là, il nous enseignait à créer, grâce à une pratique juste, c’est-à-dire appropriée à chacun au moment présent, les conditions pour que l’état de Yoga s’installe. « A la fin d’une pratique, on doit avoir envie de s’asseoir et de méditer. L’état de Yoga est relié aux événements de notre vie et ne peut exister qu’à partir et à cause de la vie. » Le fil conducteur de la pratique est alors la conscience du souffle. « Ce qui importe, ce n’est pas la respiration, c’est la conscience de la respiration. » Être avec son souffle, c’est être avec soi-même, c’est avoir accès à son espace intérieur, c’est la clef de la vie spirituelle. Gérard aimait la vie, c’était un « chercheur de vérité », il était chaleureux et il aimait partager ses découvertes avec les autres. Outre ses élèves directs, il avait un tel charisme qu’il influença la pédagogie du Yoga, quelle que soit la lignée ou l’école. Vous vous êtes sans doute familiarisés avec un certain nombre de ses idées-force, sans savoir qu’elles sont de lui. Ce que nous vous proposons d’approfondir ensemble, méthodiquement, ce sont tous les grands principes qui ont structuré son enseignement.
Olivier Mazet
Lui aussi est élève direct de Gérard Blitz, en participant pendant de nombreuses années, comme sa mère, au Groupe du Midi. ” C’est aussi en accompagnant ma mère à Zinal, au tout début des années 80, que j’ai rencontré Gérard Blitz, à l’âge de 16 ans. Je vais à un de ses cours du matin et l’expérience est nouvelle. À cette époque, je n’ai pas les éléments pour comprendre pourquoi. Par contre, au niveau du vécu, tout devient clair, limpide.
La salle est bondée, un géant aux cheveux blancs et à l’air infiniment doux commence systématiquement les cours en parlant des sutras. Je n’ai aucune idée de ce texte. Pourtant, ce qu’il dit est simple, limpide. La séance de Yoga se déroule et l’état dans lequel je finis la pratique n’a rien à voir avec ce que j’ai connu jusqu’alors. Les Zinals s’enchaînent et chaque fois, l’expérience reste la même, toujours en mieux.
Quand Gérard crée un Groupe d’élèves dans le Midi de la France, je peux enfin pratiquer régulièrement avec la personne qui est de manière évidente et naturelle mon Maître. En dehors des week-ends, quand je passe à Paris, je lui rends visite, chez lui. Il parle et j’écoute. Je ne sais pas si je comprends tout, certainement pas. Mais j’écoute et de temps en temps, je pose une question. Un jour il me dit « tu m’intéresses, tu es jeune, tu es un homme et tu es dans la vie active… ». À ce moment, je ne comprends pas bien ce qu’il veut dire, mais je m’en souviens très précisément.
Quelques vingt ans plus tard, après avoir enseigné, fait du zen et travaillé à l’étranger dans différentes grandes entreprises, je m’implique dans l’EFYMP de manière logique et naturelle, pour continuer à développer cette pédagogie particulière, juste orientée vers l’expérience personnelle des Yoga Sutras, et alors, oui, je pense que je comprends mieux ce que voulait me dire Gérard”.
Parampara
Et la lignée continue et se renouvelle avec les promotions de l’EFYMP. C’est Parampara en sanskrit, la chaîne ininterrompue. Gérard Blitz nous disait d’être juste conscients de ce privilège et de rendre hommage, à travers les âges, à tous ces grands sages qui ont transmis cet enseignement de manière exceptionnelle pour lui permettre d’arriver jusqu’à nous. Les Yoga Sutras de Patanjali restent la ligne fondamentale de cette enseignement. La direction est donnée. Il s’agit de l’ajuster dans toutes les circonstances, en respectant la personnalité des individus. Cette transmission ininterrompue se dit en sanskrit « Anunshanasam », c’est-à-dire ce qui nous parvient directement de l’origine.
À nous de continuer ce travail de persévérer, de pratiquer.
Au-delà de la lignée directe, certains grands maîtres ont influencé, directement et/ou indirectement l’EFYMP, ses formateurs et son programme de formation. Nous tenons à leur rendons hommage.